De la crise de 29 sont nées de nombreuses pépinières françaises. A l’époque, le remède à la crise fut le protectionnisme. Résultat, pénurie de fruitiers sur la zone Nord…les pépinières belges, principales fournisseuses ne pouvaient plus approvisionner les vergers de Normandie et de l’Est de la France…
Notre pépinière fut créée à cette époque et a fait vivre par la suite jusque 40 salariés sur 72 ha de pleine terre.

1980 – 2008 :
Les pépinières françaises incapables de fournir la totalité du marché intérieur

Les pépinières françaises dédiées au Paysage sont probablement incapables de fournir en 2008 plus de 60% des besoins du Pays, premier marché européen.
Cette situation a trois origines :

  1. - la cécité de la plupart des producteurs français (pas tous) dans les années 80 ; ils n’ont pas pris en compte la rigueur et le professionnalisme avec lesquels les pépiniéristes allemands, hollandais
    et belges se préparaient à « attaquer » le marché du paysage européen et notamment français. La plupart des pépinières françaises ont abordé les années 90 avec un stock de plantes insuffisant, des prix de marché bas et des entreprises peu productives où la part du chiffre d’affaire réservée aux salaires et charges n’était pas raisonnable.
  2. - L’attachement des architectes, entrepreneurs du paysage et divers donneurs d’ordres du Benelux et d’Allemagne qui ne conçoivent pas une seule seconde d’acheter leurs végétaux ailleurs qu’auprès des pépiniéristes locaux… Ils contribuent ainsi à renforcer encore les moyens des producteurs de leurs territoires. Si les pépiniéristes de ces pays ne peuvent satisfaire les exigences de leurs clients, soit ces exigences sont modifiées, soit on prie les pépiniéristes de s’approvisionner à l’ « étranger » pour les plantes qu’ils n’ont pas.
  3. - Les pépinières allemandes, belges et hollandaises ont profité largement de leur position centrale en Europe ; elles ont fait face aux plantations énormes pour réhabiliter le Paysage des Villes en Allemagne de l’Est dans le cadre de la réunification. Ce sont ensuite les Pays de l’Est qui ont prioritairement reconstitué un cadre de vie dans les Cités pour accompagner leur mutations économiques et sociétales…La plupart de ces pépinières ont ainsi écoulé leurs stocks dans de bonnes conditions, conservant ainsi une santé financière de nature à permettre les remises en culture, toujours les bienvenues quand on sort des périodes de crise (milieu des années 2000)
Comment passer la crise de 2008/2009 ?

En 2008, les frontières sont moins visibles et l’on parle à la fois de préférence communautaire et de développement durable des territoires… Ces deux nécessités sont conciliables d’autant plus que les pépiniéristes français qui produisent pour le Paysage ont beaucoup investi depuis 15-20 ans et leur offre est parfaitement crédible et leurs entreprises en phase avec le marché.

Nos collègues européens l’ont compris depuis toujours : ils fournissent la quasi totalité de leur marché intérieur grâce à la motivation de leurs clients qui s’organisent pour acheter local. Ils profitent de leur solidité financière ainsi assurée pour exporter et cet état de fait leur permettra de passer la crise actuelle correctement.

La producteurs français de végétaux ne profitent pas cette solidarité.
Pourtant, ils ont largement démontré qu’ils avaient à cœur de profiter de la moindre embellie du marché pour planter et améliorer toujours leur offre et leur compétitivité. Ils sont aujourd’hui parfaitement capables d’approvisionner une part des marchés du territoire dans les mêmes conditions de qualité et de prix que leurs homologues voisins.  Ils ont fait preuve de leur capacité à se développer, pourvu que leurs clients leur en donnent les moyens.

Comment s’organiser pour que les Français achètent plus sur leur territoire à défaut de ne pouvoir acheter tout en France ?

Faire connaître la production française : dans les périodes difficiles, il faut communiquer et réserver un part plus importante du chiffre d’affaire pour l’information des donneurs d’ordres. Sites internet privés ou collectifs, annuaires spécialisés paysage, tout doit être envisagé pour informer l’aval de la filière. La presse professionnelle, notamment celle des architectes et des entrepreneurs du paysage devrait participer à la sensibilisation des donneurs d’ordres à l’intérêt d’acheter à proximité. L’interprofession Valhor est une organisation qu’il faut interpeller. Son inexistence dans les années 90 face aux coups de boutoirs tous azimuts de Plant Product Holland par exemple était un handicap pour la production française : ce n’est plus le cas, sachons en profiter maintenant.

Consolider le marché du Paysage français : notre Société ne pourra pas tolérer les tensions prévisibles à venir si les politiques rognent sur les budgets de plantation de végétaux. Il est du ressort de toute la filière Paysage d’intervenir auprès des urbanistes et des maires pour que le Paysage ne soit pas considéré comme du superflu et traité comme un pansement sur une jambe de bois… Un arrêt, ne serait-ce qu’un an, en matière d’implantation de la Nature en Ville serait une vraie catastrophe pour la santé future de nos Cités et signerait l’arrêt de mort sans renaissance possible des pépinières.

Aider les donneurs d’ordres à comprendre enfin qu’il n’existe pas de production sans clients : ce que nos voisins ont compris depuis longtemps, les décideurs français peuvent le mettre en pratique sans augmenter leurs prix d’achats de plantes: acheter d’abord au plus près des chantiers contribue à la baisse des prix d’approvisionnement, au développement de l’offre locale et à l’enrichissement des territoires. 100 000 € d’achat de végétaux par une collectivité territoriale c’est 20 000 € de salaires en France ou ailleurs, 15 000 € et charges en France ou ailleurs et 5 000 à 10 000 € de transport selon l’endroit d’où proviennent les végétaux. L’argent public se fait rare pour soutenir la pauvreté et financer la sécurité sociale, il n’est pas logique qu’il aille par inadvertance aider d’abord des économies lointaines au détriment de l’économie territoriale… La solidarité a ses limites.

Paysage et développement durable : quitte ou double pour les pépinières françaises.

Les producteurs français qui ont osé risquer leurs entreprises sur le long chemin du Paysage attendent de la collectivité nationale qu’elle ne dédaigne plus de les interroger et de les encourager par des actes d’achats dans ces temps difficiles. Il ne leur est pas possible de faire attendre un an leurs production en pépinière au motif qu’il est urgent d’attendre pour réaliser les projets en cours. Cette production devrait être détruite à grands frais…C’est idiot quand même de stocker à grands frais du carbone et de l’eau dans les végétaux pour le voir partir également à grands frais en fumée…au lieu de les planter dans nos villes pour la santé des habitants.
Les pépinières françaises sont parfaitement capables d’augmenter leurs parts de marché si on les y encourage et d’exporter comme nos voisins.
Dans la période qui vient, elles pourront disparaitre ou renforcer leur présence dans les territoires de vie selon les choix des décideurs.
Conjuguer en Français Paysage et Développement durable est possible. Ne pas le faire produira des situations irréversibles chez les producteurs et rendra le Paysage plus coûteux dans l’avenir, à la merci d’interlocuteurs commerciaux éloignés et peu solidaires.